1er septembre 2014 : levé de soleil depuis le mont Perdu
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dimanche 7 août 2011

1er et 02-08-2011 Pic Alphonse Meillon




1er et 02 août 2011
Pic Alphonse Meillon / Chabarrou sud, par le lac d'Aratille
IN MEMORIAM ALPHONSE MEILLON 1862-1933
Avec Claude Ortega-Meillon, Monique Latry, Agathe Carton de Grammont, Camille Ortega, Nicolas Claude,
et Romain Bourbon dit "Romain des montagnes"
Lors du dernier salon du livre de Pau, nous avions avec Romain eu l'idée de proposer à Claude Ortega-Meillon et à Laurence Oubradous-Meillon, petites filles du célèbre pyrénéiste Alphonse Meillon, d'aller gravir le pic de Chabarrou sud. Ce sommet, à la demande de Louis Le Bondidier, a été bâptisé pic Alphonse Meillon le 16 juin 1933, par la Société franco-espagnole des Sociétés Pyrénéiste après validation de la Commission de Toponymie et de Topographie pyrénéene, commission qu'avait fondée Alphonse Meillon en 1907... Il était en charge du Bulletin Pyrénéen au moment de son décès en 1933, à Paris, victime d'une infection qui l'emporta.
L'idée devint rapidement un projet, d'autant qu'en 2009, Paul Meillon, arrière petit-fils d'Alphonse Meillon (fils de Jacques, frère de Claude et Laurence), vivant au Québec, était venu, en mémoire de son illustre arrière grand-père, gravir le pic Meillon pour y déposer dans une valise étanche un carnet de sommet.
Lundi 1er août 2011
(Jour de la St. Alphonse!)
Rendez-vous au parking scandaleusement payant du Pont d'Espagne à 11h, Claude et Camille sont accompagnés de deux amis, Agathe, et Nicolas, palois acompagnateur moyenne montagne B.E. Laurence n'a pas pu se joindre au groupe. Tout le monde est là à l'heure fixée, et départ pour le refuge Wallon en remontant la belle vallée du Marcadau si bien chantée par Léon Despaux.
Repas arrosé de rosé frais avant la fontaine dite des Espagnols, puis poursuite du sentier en direction du refuge. Avant d'y parvenir, nous bifurquons dans le vallon d'Aratille et entamons la grimpette jusqu'au lac d'Aratille. Je file ventre à terre jusqu'au lac, pose mon sac...
Vue sur le nord du haut Marcadau
et redescend le ressaut qui le défend pour aller récupérer les sacs de Claude et Agathe.
Claude traverse la passerelle avant le lac d'Aratille
17h, tout le monde arrive à bon port.
Installation du bivouac sur la rive nord du lac, a coté de belle linaigrettes......tente pour certains, Claude, Agathe et Camille ont préféré se contenter de couvertures de survie.
Apéro sous un rayon de soleil...
Apéro, repas, digestif composé des victuailles tirés des sacs des uns et des autres, puis soirée bien agréable sous un ciel bien chargé par des nuages qui circulent rapidement, balayés par un vent fort. Puis on s'endort...
Agathe parée pour la nuit...
Mardi 02 août 2011
Dans la nuit, averse subite, réveil général, Agathe file se réfugier dans ma tente, Claude borde Camille de toutes les couvertures de survie, avant de trouver un abri chez Monique et Romain...
5h30, mon réveil sonne, il pleut un peu, ciel sombre et menaçant...pffff, je me recouche.
8h, réveil général sous un ciel peu amène et des nuages qui circulent juste au-dessus des sommets à vive allure, petit déjeuner... avant de partir en direction du pic.
Nous quittons bientôt le sentier du col d'Aratille pour remonter un ravin herbeux au bord d'un petit torrent avant de continuer dans des pierriers jusqu'au pied de l'arête ouest du pic.
Ici, conciliabule, le guide du jour est celui de Pierre Maes, 50 sommets sans corde dans les Pyrénées. 2ème série. Marcadau, Cauterets, Gavarnie, Argelès-Gazost. Randonnées Pyrénéennes, 1988 (puis 1989, 1992), 111p.
L'auteur, p.30-31 nous donne l'itinéraire PDinf du pic depuis le lac, indiquant avoir construit au sommet un cairn d'1m50 le 12 septembre 1987.
Maes nous indique de partir nord-est, mais cela n'a pas l'air si simple que cela. Romain part visiter un infâme ébouli dominé par une barre rocheuse, je pars à mon tour directement au pied de la dite barre, et la franchi en remontant un couloir désagrégé dont je m'extirpe par une courte grimpette pour atteindre une petite crête, qui me met nez à nez avec un cairn. Romain rejoint le groupe, tout le monde s'asseoit, enlève les sacs. Je m'installe près du cairn, cigarette, communication lointaine, et comme le ciel est de plus en plus menaçant, je me dis que ce n'est pas aujourd'hui que Claude gravira le pic de son grand-père, d'autant que je suis certain de ne pas être sur l'itinéraire du Maes. Il faut en fait contourner la base de l'éperon ouest du pic pour rejoindre une impitoyable pente d'éboulis croulants qui mène d'un seul jet jusqu'au sommet.
Au bout d'un moment, vu la météo, je me dis que le groupe va rentrer, et perché ou je suis, je me décide à poursuivre vers le pic. Plus de cairn, mais j'ai potassé le guide Ollivier avant de partir, et je sais que je suis sur l'itinéraire 108 du Pyrénées Centrales I, Cauterets, Vignemale, Cañons espagnols. Je remonte l'ébouli qui domine la barre rocheuse en direction de la brèche des Chabarrou, puis prend un couloir évident sur ma droite revenant vers l'arête ouest (comme indiqué par Ollivier). Je ne vois plus le groupe dès lors. Avant de rejoindre l'arête ouest peu inclinée, je trouve plus amusant de m'embarquer dans une raide cheminée fleurie de génépi qui me dépose bientôt dans une brèche sur la crête sommitale, à 30m au nord du sommet.
Vignemale bouché à 3000m, Fache, Balaïtous, Enfer... sous un ciel des plus sombre, vent violent, je sens que je ne vais pas traîner longtemps mes semelles par ici. Journée peu propice à la photographie des sommets...
Versants nord et nord ouest du massif du Vignemale
La même à peu près faite par Alphonse Meillon le 02 août 1925:
Guère mieux du coté ouest, secteur Aratille-Badette sur fond de pics d'Enfer
Vue sur ma voie de montée et la cheminée finale
Le temps passe, le vent se renforce. Mais où sont les amis au fait? Plus personne sur le lieu d'arrêt initial, personne sur le sentier qui redescend au lac... Je me promène un peu sur la crête sud histoire d'aller jeter un coup d'oeil sur le couloir de l'itinéraire Maes. Et voit le reste du groupe à mi-hauteur, dans la grande pente d'ébouli. Ils sont en vue du sommet. Romain a retrouvé l'itinéraire du Maes et a entrainé le groupe vers le sommet!
Il leur reste bien 300m de dénivellée à gravir, et au vu du terrain pourri que je soupçonne, j'ai le temps de consulter le registre de sommet. Celui-ci est enfermé à quelques mètres du cairn somital (qui ne mesure plus 1m50!) dans une valise visiblement à toute épreuve.
Voici donc page après page le registre déposé le 19 août 2009 par Paul Meillon, Frédéric Oubradous (arrière arrière petit fils d'Alphonse Meillon, fils de la soeur de Claude, Laurence Meillon-Oubradous) et Pascal Flurin
Page de dépôt:
1ère page du registre de signatures (2 françaises, 2 espagnoles)
2ème page du registre de signatures (une française, une espagnole)
Soit au total 6 ascensions entre le dépôt du registre et notre venue. Ce qui est vraiment peu! Ce sommet reste aussi ignoré qu'en 1928, comme déjà le notait Alphonse Meillon à l'époque.
Si certains des signataires se reconaissent, ils peuvent m'envoyer un mail.
C'est donc un sommet peu fréquenté. D'ailleurs, les mentions d'ascensions ne sont pas légion dans la bibliographie pyrénéenne. Je ne suis pas certain qu'il portait signal, avant 1791, de Vicente de Hérédia comme j'ai cru le lire avec surprise dans un article. Aussi, son premier ascensionniste connu est Hubert Durand, qui l'avait atteint en 1875. Joseph Vallot y parvint également vers 1886, Georges Ledormeur lui rendit visite en 1909, Ludovic Gaurier l'année suivante, Marcel Barrère en 1912... Alphonse Meillon l'avait gravit quant à lui le 02 août 1925.
Bon, les amis arrivent...
Dans les dernières pentes...
Nicolas, puis Monique et Camille parviennent au sommet.
Nicolas dans les derniers mètres
Monique et Camille
Romain est plus bas avec Agathe, et enfin arrive Claude que je descend retrouver pour la dernière rampe.
Romain et Agathe sous le sommet
Claude dans les derniers mètres
Et nous voilà bientôt tous réunis au sommet du pic Alphonse Meillon! Quelle émotion...
Sacré Romain des montagnes! Et quel courage à nos trois séxagénaires (devinez donc) d'être montés dans ces conditions et sur un terrain aussi exigeant. Chapeau bas...
Romain, Claude, Monique, Nicolas debouts, et Agathe et Camille assis au sommet
Nous passons là un long moment sur le sommet battu par le vent.
Consultation du registre, inscription de notre ascension du jour...
Signatures du registre
Claude et Nicolas in the wind
Nos signatures...
....souvenir à la mémoire d'Alphonse Meillon,
Alphonse Meillon photographié lors d'un campement à 70 ans
(Photo famille Meillon, nous avons laissé copie de ce cliché dans le registre...avec un brin d'armoise laineuse/Génépi)
...photos en veux tu en voilà...
Claude avait accepté de me confier le livre qu'elle préfére parmi ceux écrits par son grand-père, ainsi qu'une photo de famille, qui ont fait le voyage soigneusement empaquetés dans mon sac.
Claude Ortega-Meillon tenant l'exemplaire personnel superbement relié d'Alphonse Meillon de ses Excursions topographiques dans la vallée de Cauterets (1920)
Page de titre...
Claude nous fait lecture d'un passage d'un autre des livres de son grand-père, Excursion autour du Vignemale, dans lequel il parle du Chabarrou sud lors de sa visite d'août 1925.
La vidéo étant parfois inaudible à cause du vent, veuillez lire MEILLON Alphonse, Excursions autour du Vignemale (1928)...p.352 (ou réédition Sirius 1987 ou édition Mon Hélios 2010)
Comment ça, z'avez pas cela dans votre bibliothèque? Bon, d'accord, voilà le texte:
Vidéo:
Exemplaire de l'ouvrage dans son édition originale:
MEILLON Alphonse, Excursions autour du Vignemale dans les hautes vallées de Cauterets, de Gavarnie et du Rio Ara en Aragon; L'Origine du Pyrénéisme, Contribution à l'histoire de ces Vallées, Pau, Imprimerie Garet-Haristoy, 1928, 379p.
Nous quittons ensuite le sommet pour entamer la descente dans les éboulis.
Monique, Agathe, Camille et Claude sous le sommet
Claude Ortega-Meillon à la descente du pic...une affaire de famille!
Panorama sous le pic Blanc vers la Fache
Agathe en termine avec les éboulis...ouf!
Il est 15h30 lorsque nous parvenons à leur base, et nous nous restaurons bientôt sur un replat herbeux.
Il ne reste plus qu'à descendre jusqu'au bivouac.
Descente vers le lac d'Aratille
De retour au lac, pliage des tentes..., sacs à nouveau refait, Monique et Romain quittent le groupe.
Tranquillement, le reste du groupe rejoint le sentier du Marcadau là ou nous l'avions quitté hier.
Camille dans les pelouses du vallon d'Aratille sous le Chapeau d'Espagne
Lumière sur les eaux du gave d'Aratille
Il était prévu de rester dormir au refuge Wallon, mais Claude, Camille et Agathe préfèrent descendre, aussi nous avons demandé à Romain de nous décommander en passant avant nous, et nous poursuivons donc vers les voitures.
Fin de journée dans Notre vieux Marcadau
Après avoir essuyé un orage gentillet avant la nuit...il est 22h15 lorsque nous rejoignons le parking du Pont d'Espagne déserté à cette heure.
Péage au guichet, et au bout du parking... barrière ouverte!
Quelle journée...

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